Neuropsychologie
13290 Aix-en-Provence
Neuropsychologie
Place de la neuropsychologie cognitive
Psychologie cognitive & neuropsychologie : vers la neuropsychologie cognitive
La psychologie cognitive :
Branche récente de la psychologie scientifique, cette discipline étudie les grandes fonctions psychologiques de l’être humain que sont la mémoire, le langage, l’intelligence, le raisonnement, la résolution de problèmes, la perception ou l’attention.
Certains chercheurs se consacrent à l’étude de l’architecture cognitive. Par exemple dans la mémoire, la distinction entre mémoire de travail et mémoire à long terme. On rencontre aussi différentes mémoires sensorielles ou encore la distinction entre mémoire sémantique et mémoire épisodique.
D’autres chercheurs s’emploient à décrire les stratégies mises en place par les individus pour traiter les tâches de la vie quotidienne : tâches de résolution de problème, prise de décision, ou même tâches professionnelles (diagnostic médical, contrôle aérien, mémorisation chez les garçons de café, etc). La psychologie cognitive trouve ainsi de nombreuses applications, notamment en ergonomie cognitive ou en marketing.
La psychologie cognitive clinique s’intéresse aux modes de raisonnements et de déductions d’un patient pour appréhender son environnement et mettre en œuvre des processus d’apprentissage (perception, contrôle de ses actions, langage, traitement de l’information symbolique, capacités de compréhension, connaissances mises en œuvre, compétences de raisonnement).
● La neuropsychologie : discipline scientifique et clinique qui étudie les fonctions mentales supérieures dans leurs rapports avec les structures cérébrales. Cette discipline carrefour est née de l’interaction entre neurologie et psychologie.
La neuropsychologie est une discipline expérimentale qui s’attache à mettre en évidence le siège cérébral des fonctions mentales telles que l’attention, la mémoire, etc. Il s’agit de comprendre le cerveau comme support de l’intellect et de comprendre l’intellect comme intégré au cerveau.
● La neuropsychologie cognitive : résultat des interactions entre neuropsychologie et psychologie cognitive, cette discipline s’est éloignée de la simple recherche de corrélation anatomo-cliniques ou de la recherche de ‘’modules’’. Elle qualifie plus correctement les connaissances et compétences acquises par les cliniciens, psychologues-neuropsychologues ou psychologues cognitivistes.
Les pratiques cliniques de la neuropsychologie cognitive. Leur place dans l’accompagnement :
La neuropsychologie cognitive débouche sur des pratiques cliniques. Celles-ci sont complémentaires d’autres professions de soins.
Les médecins (généralistes, neurologues, rééducateurs, psychiatres...) s’inscrivent comme prescripteurs. Ils orientent vers les professionnels ci-dessous, regroupent les données et posent les diagnostics.
Les professionnels orthophonistes, psychomotriciens, ergothérapeutes, kinésithérapeutes et psychologues (neuropsychologues & psychologues cognitivistes, psychothérapeutes, psychologues du développement) ont chacun leurs spécificités. Ils sont spécialistes de champs distincts (bien qu’en interaction constante et intégré dans le fonctionnement global de l’individu) : les compétences cognitives, les habiletés motrices, langagières, comportementales, affectives, relationnelles. Souvent, ils sont également spécialistes d’étiologies particulières : troubles cognitifs globaux ; troubles cognitifs spécifiques développementaux (ou troubles spécifiques des apprentissages); troubles cognitifs acquis ; troubles envahissants du développement ; lésions cérébrales; troubles psychiatriques ; comportementaux...
Une coordination des interventions de chacun des acteurs de l’accompagnement d’un individu est indispensable. Ceci évite l’errance des familles, les redondances et les antagonismes. Les entretiens cliniques d’orientation et de suivi ont pour but d’aider les familles dans ces démarches complexes.
Le neuropsychologue ou psychologue cognitiviste évalue la nature et l’importance de troubles cognitifs que ceux-ci se soient développés au cours d’un développement par ailleurs normal (épilepsie, dyslexie, dysphasie, dyspraxie, TDAH ...) ou qu’ils surviennent après une affection cérébrale (lésion, traumatisme crânien, tumeur cérébrale, infections, MST...). Il participe également à l’élaboration du diagnostic. Il peut aussi assurer un suivi avec le patient, voire contribuer à une rééducation ou à une stimulation cognitive du patient.
Le neuropsychologue ou psychologue cognitiviste est un psychologue clinicien spécialisé. Il a effectué une formation générale en psychologie et s’est spécialisé en neuropsychologie cognitive (formations universitaires correspondant en France au niveau dit Bac +5).
Ses moyens d’investigation et d’intervention sont les suivants:
– L’anamnèse (retrace les antécédents médicaux, l’historique de la plainte actuelle du patient, les résultats des différentes explorations et les traitements entrepris) et le discours des proches. Faire appel à l’entourage proche permet de juger de manière plus objective de l’impact des troubles dans la vie quotidienne du patient. Ces démarches d’investigations doivent prendre en considération la globalité de l’individu (variables familiales, médicales, socio-culturelles, cognitives, comportementales, affectives...) Cf. les entretiens cliniques d’orientation, porte d’entrée de toute intervention par les psychologues d’i-cog.
– L’observation clinique est au centre de l’investigation. Le neuropsychologue est un clinicien, il ne se contente pas d’analyser les résultats du patient à des tests. Il se doit d’observer le comportement de ce dernier en situation, en appréciant la valeur des données et hypothèses cognitives, comportementales et affectives formulées lors de l’entretien clinique préliminaire. Cf. Ateliers. Ces derniers permettent de conjuguer plusieurs aspects dont stimulation, remédiation et observation en situation, au sein d’un groupe de pairs.
– le soutien cognitif : à travers des ateliers (individuels ou en groupe) de stimulation ou remédiation cognitive. Après identification de ses difficultés, ses interventions visent à valoriser les capacités d’un individu, à stimuler ses faiblesses et compenser ses troubles. L’objectif est de rendre l’individu plus stratégique et autonome, afin qu’il puisse améliorer son quotidien. Ces ateliers s’inscrivent dans une durée plus ou moins courtes, en fonction de la nature des difficultés (notamment étiologie du trouble : développementale, acquise ou neurodégénérative) et des objectifs à atteindre.
– Les tests neuropsychologiques : une grande quantité de tests existe. Ils visent à explorer les capacités cognitives d’un individu de la manière la plus large et la plus précise, afin d’identifier précisément son état pathologique ou non. Il s’agit de mesurer, à l’aide de tests standardisés et normalisés, dans des conditions contrôlées (gestion de la fatigue, des distracteurs éventuels...), les capacités mnésiques, langagières, praxiques (programmation et exécution motrice), gnosiques (capacité d’identification des personnes, des objets...) Cf. Bilans cognitifs.
Lexique
● Clinique : les pratiques et données dites ‘‘cliniques’’ relèvent d’une interaction directe avec le patient. Elles sont généralement différenciées des pratiques et données scientifiques ou expérimentales.
● Cognition : en sciences cognitives, le mot cognition est utilisé pour désigner : les processus de traitement de l’information dits « de haut niveau » tels que le raisonnement, la mémoire, la prise de décision et les fonctions exécutives en général ; mais aussi des processus plus élémentaires comme la perception, la motricité ainsi que les émotions.
● Déficits cognitifs : se manifestent généralement sous la forme de troubles de la perception, de l’attention, de la mémoire, de la compréhension, du raisonnement, du contrôle de l’action, de la gestion du temps et de l’espace, de l’organisation des pensées et du discours.
● Remédiation cognitive : est utilisée dans le but de réduire l’impact des difficultés cognitives sur le quotidien. Elle est employée uniquement par des professionnels formés (dont les psychologues-neuropsychologues et psychologues cognitivistes). La remédiation cognitive est pratiquée sous forme d’exercices ludiques. Une action indirecte sur les déficits fonctionnels affectant le quotidien est attendue, ce qui peut contribuer à améliorer l’insertion sociale et professionnelle. La remédiation cognitive ne peut être employée que chez des patients dont l’état clinique est stable et qui sont aptes à s’investir activement dans une prise en charge. Ils doivent être à même de pouvoir se concentrer pendant des séances de plusieurs dizaines de minutes. Il convient au préalable de cibler les domaines cognitifs déficitaires. L’objectif d’une telle prise en charge étant d’aider à une plus grande autonomie dans la vie sociale et professionnelle.
La remédiation cognitive s’articule autour de 2 techniques principales. L’une consiste à entrainer les fonctions cérébrales au moyen d’exercices répétés, permettant de travailler spécifiquement le ou les niveaux déficitaires d’une fonction cognitive (par exemple, entrainement à l’encodage d’une information par la répétition des données). On parle alors de restauration de la fonction déficitaire. On peut également procéder à la compensation en s’appuyant sur le fonctionnement cognitif préservé. Dans ce cas, le patient est encouragé à développer des stratégies pour traiter l’information. (par exemple, on propose de mémoriser une liste de course en utilisant une image mentale ou des stratégies d’associations).
● Sciences cognitives : regroupent un ensemble de disciplines scientifiques dédiées à l’étude et la compréhension des mécanismes de la pensée humaine, animale ou artificielle, et plus généralement de tout système complexe de traitement de l’information capable d’acquérir, conserver, utiliser et transmettre des connaissances.
● Stimulation cognitive (ou entrainement cognitif) : a pour objectif l’amélioration des fonctions cognitives dans la vie quotidienne des utilisateurs. Dans ce but, des exercices sont réalisés par le sujet, via un ordinateur ou en version papier. Attention, il ne faut pas confondre entraînement cognitif et jeux cognitifs. Ces derniers ont pour unique objectif de vous distraire.
La stimulation cognitive nécessite la mise en œuvre d’un programme complet et personnalisé.
Un programme complet propose des exercices pour toutes les fonctions cognitives. La cognition est un tout. On ne peut pas espérer améliorer sa mémoire, en négligeant ses capacités d’attention (ou l’inverse).
Un programme d’entraînement personnalisé contient des exercices dont le niveau de difficulté et les types d’exercices, sont ajustés au profil cognitif de l’utilisateur.
Les principaux troubles cognitifs
Handicap cognitif et classification des troubles cognitifs :
Il est important de noter que le handicap cognitif est inscrit dans le préambule de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, pour la citoyenneté des personnes handicapées, définissant le handicap :
«Constitue un handicap au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielle, mentale, cognitive ou psychique, d’un polyhandicap ou d’un trouble de la santé invalidant. »
Classification des troubles cognitifs qui sont sources de situations de handicap :
– Les troubles cognitifs globaux : ces troubles se manifestent au tout début du développement et perturbent globalement les fonctions cognitives. Il s’agit des retards mentaux et déficiences intellectuelles ;
– Les troubles cognitifs spécifiques développementaux (qui occasionnent des troubles spécifiques des apprentissages): ces troubles apparaissent au cours du développement de l’enfant et persistent à l’âge adulte.
Ils peuvent être spécifiques d’une ou plusieurs activités : développement du langage oral ; acquisition du langage écrit ; développement du geste et/ou des compétences visuo-spatiales ; des processus attentionnels et des fonctions exécutives ; des capacités mnésiques ; des activités numériques.
– Les troubles cognitifs acquis : ils incluent tous les troubles résultant d’une lésion cérébrale, quelque soit l’âge de survenue et l’étiologie (traumatisme crânien, accident vasculaire, anoxie). Ces troubles sont caractérisés par une survenue brutale, un accident, comme une rupture dans l’histoire personnelle d’un individu.
Ces troubles peuvent affecter plusieurs activités : le langage (aphasie, alexie, agraphie) ; les activités numériques (acalculie) ; la programmation et l’exécution motrice (apraxie) ; l’identification des visages, parties du corps, objets, sons, etc (agnosie) ; la capacité à percevoir la totalité de son corps (héminégligence) ; les compétences mnésiques (amnésie) ; le contrôle des actions (syndrome dysexécutif).
– Les troubles envahissants du développement : d’origine neuro-développementale et présents dès la petite enfance. Ils sont définis par la présence conjointe de perturbations des capacités relationnelles, de communication, d’intérêts restreints et de comportements stéréotypés. Les différentes formes d’autisme font partie de cette classe de troubles cognitifs.
– Les troubles cognitifs évolutifs de l’adulte : il s’agit des pathologies évolutives (pathologies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer ; pathologies inflammatoire comme la Sclérose en plaque ; certaines maladies infectieuses comme le Sida).
Ces troubles peuvent affecter diverses activités : la mémoire, le langage et la communication, les praxies (programmation et exécution motrice de certains gestes), les gnosies (capacités à reconnaître quelque chose, quelqu’un ou son propre état), les fonctions exécutives (capacité à planifier, mettre en œuvre et contrôler une action).